Antoine Larousso

L A   M A I S O N   D U
B I E N -
 Ê T R E

Une question d'environnement...


 

« L’esprit est son propre lieu et en lui-même peut faire de l’Enfer un Ciel et du Ciel un Enfer » disait le poète anglais John Milton. Cela est sans doute en partie vrai mais en partie seulement et, à tout prendre, je préfère avoir le moins d’effort d’imagination à fournir que possible : je préfère vivre au Ciel ou, pour le moins, en attendant l’ascension, dans un cadre agréable ! Evidemment, transformer notre environnement dans sa globalité sera difficile et nos cadres de vies correspondent généralement à nos moyens. Mais cela n’a finalement que peu d’importance puisque la solution viendra moins d’un « Duplex à Paris » que d’un aménagement adéquat de nos intérieurs : ce n’est pas la taille de la pièce qui importe mais ce que nous y faisons ; ce n’est pas la superficie de l’habitation qui compte mais comment nous y vivons !  Il n’est pas non plus question de juger ici du « goût et des couleurs ». Chacun reste le peintre de sa propre vie. L’attention aux détails reste toutefois de mise car les goûts et les couleurs occasionnellement jurent et parfois même nous jugent… Ils influencent dans tous les cas notre bien-être et la perception que nous nous faisons de notre environnement.

Extraits de l'Autre Choix
de Benoît Saint Girons
 


Faire le vide…

Observez les bons musées : les tableaux sont accrochés à une distance respectable les uns des autres afin que l’on puisse les admirer et les apprécier convenablement. Pensez aussi à ces peintures de paysages chinois : le blanc et le vide couvrent une bonne partie de la toile de manière à laisser l’esprit accéder à l’harmonie. « On ne peut appréhender l’Être qu’en creux, en cernant son absence – un peu comme un sceau gravé intaglio livre son message en blanc, ne révélant son dessin que grâce à l’absence de matière (…) Le précepte recommande au peintre de ne jamais révéler qu’une moitié du sujet pour mieux en suggérer la totalité (…) Le vide est l’espace où peut se déployer l’au-delà du poème » explique brillamment le sinologue Simon Leys dans son essai La forêt en feu.


Et d’illustrer ses remarques par quelques poèmes, notamment de Wang Wei (699-761) :

… Le flot du fleuve s’écoule hors du monde
La masse de la montagne flotte dans une demi-absence…

ou encore :

La montagne vide ne voit personne
Elle entend seulement des voix…

Pour apprécier ce qui existe, il faut
l’entourer de rien ! Et pour laisser ses sens s’exprimer, il convient de leur laisser du vide ! « Les notes, je ne les joue pas mieux que bon nombre de pianistes. Mais les silences entre les notes – ah ! c’est là où réside l’art » disait ainsi le grand pianiste Arthur Schnabel.

Un tri de nos affaires suivi d’une élimination adéquate s’impose donc régulièrement. Vous avez forcément dans votre bibliothèque des livres que vous n’avez jamais lu ou bien que vous n’avez pas particulièrement apprécié. S’ils sont en bon état, pourquoi ne pas les donner à une bibliothèque ou à un hôpital ? Même chose avec vos vieilleries : si vous ne les appréciez plus ou s’ils peuvent être plus utiles à d’autres, donnez-les ! [...]
 

L’harmonie énergétique…

A Hong Kong, la société pour laquelle je travaillais a bâti en plein cœur du centre ville un immeuble équipé sur toute sa hauteur d’un mur supplémentaire : l’Entertainment Building. Pourquoi un tel gaspillage de béton ? Tout simplement pour faire obstacle aux influences négatives du Peak Victoria…

Lors de sa construction, des sociétés aux alentours se plaignirent néanmoins de sa mauvaise influence sur le niveau des affaires. Un expert en Feng Shui fût consulté et annonça que les affaires ne reprendraient qu’à l’inauguration du bâtiment. Du coup, il ne le fût jamais officiellement, le propriétaire préférant laisser ses concurrents dans l’embarras…

Le Feng Shui (Feng désigne le vent, Shui signifie l’eau) est un
art millénaire chinois tellement complexe qu’il peut donner lieu à toutes sortes d’interprétations, d’analyses et de recommandations. En occident, il est ainsi depuis peu accommodé à toutes les sauces. Néanmoins, au-delà d’un certain folklore et d’une bonne dose de superstitions, le Feng Shui s’appuie sur des règles élémentaires de bon sens :

La première est la disposition des pièces. L’énergie rentrant comme nous par la porte d’entrée, il sera difficile de bien dormir dans une chambre située juste en face ou à côté. Cela conviendrait plutôt au salon.

La seconde est
la règle des cinq éléments : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau doivent être présents de manière harmonieuse dans l’habitation. Chaque élément est représenté par les objets de même matière, des couleurs, des formes et des symboliques. [...]

La troisième est la règle de la circulation de l’énergie (Qi ou Chi en chinois, Ki en japonais). Elle ne doit pas être entravée et doit pouvoir circuler librement dans toutes les pièces. Pas coquette pour un sou, elle se méfie des miroir : un miroir à l’entrée l’effraiera tandis que des miroirs dans la chambre à coucher lui feront faire des va et vient peu propices au sommeil… Elle se méfie aussi des coins qui la bloquent (mieux vaut y placer une fontaine ou une plante verte), des gros meubles au milieu de la pièce qui l’empêchent de circuler ou les angles trop pointus qui l’excitent.
 


L’harmonie sensorielle…

Bref, il n’y a rien de bien sorcier là-dedans et, la plupart du temps, nous avons déjà disposé notre habitation de cette manière. Une attention à ses sens et à sa nature serait finalement toute aussi judicieuse :

La vue : Est-ce que j’apprécie ce que je vois ? Est-ce accueillant et bien rangé ? Y a-t-il une harmonie entre les couleurs ? Existe-t-il du vide ou du blanc pour favoriser mon imaginaire ? Les pièces renvoient-elles un sentiment de naturel ? L’éclairage est-il adapté ?

L’odorat : Mon habitation sent-elle bon ? Les odeurs sont-elles pures et naturelles ? Si vous fumez, il n’y a qu’une chose à faire : fumer à l’extérieur! Les papiers peints et les moquettes, qui s’imprègnent facilement d’odeurs, sont de préférence à éviter. Les odeurs sont tenaces ? Utilisez un mélange d’huiles essentielles « anti-odeur » ou « anti-tabac » : ce ne sont pas les huiles les plus agréables mais aucune odeur n’y résiste !

L’ouïe : Mon habitation est-elle suffisamment bien isolée des bruits de l’extérieur ? Le double vitrage et de lourds rideaux y aideront, de même qu’un petit bruit naturel généré depuis l’intérieur. L’eau d’une petite fontaine par exemple ?
 

Le goût : Comme ce sens n’est pas vraiment sollicité, nous pourrions le remplacer par la satisfaction intellectuelle, ce que nous donnons à manger à notre esprit : notre environnement est-il positif ? Mis à part quelques adolescents perturbés, rares sont les personnes qui tapissent leur chambre de photos de guerre ou de meurtre. Pourtant, de nombreuses personnes regardent des films violents dans leur chambre à coucher… Difficile après cela de trouver le bon sommeil…

Il conviendrait aussi d’associer autant que possible notre habitation à des événements joyeux : réunions entre amis, soirées romantiques, jeux de société,… Après quelques aménagements, votre salle de bain ou vos toilettes peuvent aussi se transformer en zones de relaxation ou de méditation.

 

Le toucher : Un sens essentiel pour se sentir bien chez soi mais un sens subtil… Votre atmosphère est-elle suffisamment humide, pure et fraîche ? Avec le chauffage central des habitations modernes, l’air est souvent trop sec. Baisser la température de quelques degrés et s’équiper de fontaines ou d’un humidificateur sont des solutions. Aérer régulièrement les pièces et utiliser un diffuseur d’huiles essentielles permettra également de les purifier et de les ioniser. Utile lorsque l’on sait que chaque gramme de poussière contient en moyenne un milligramme d’un cocktail molécules de plus de cinq familles chimiques...

Les appareils électriques non indispensables seront bannis des chambres à coucher afin de se prémunir de la pollution électromagnétique. Nous veillerons aussi à la propreté de nos moquettes et systèmes de ventilation, sources d’allergies aux acariens et aux bactéries. En fait, nous serons sensibles à la propreté en général : des meubles pleins de poussières et de la graisse sur les murs de la cuisine, ce n’est pas bon pour le moral !

Tous nos sens agissent évidemment ensemble et ils rendront collectivement leur conclusion : « oui, je me sens bien ici » ou « non, j’y suis mal à l’aise ». Dans ce dernier cas, les deux pistes principales à envisager avant de déménager seront :
1. moins de choses 2. davantage de nature. Ce conseil ne vaut pas que pour l’habitat…
 

 


La Maison du Bien-Être
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