Antoine Larousso
L A M A I S O N D U
B I E N - Ê T R E
Une question d'environnement...
Maître Shi Bo est né à Shanghai dans une famille traditionnelle de grands
lettrés, il a commencé à réciter les anciens poèmes des dynasties des Tang et
Song , et à s'exercer à l'art pictural et calligraphique à l'âge de cinq ans.
Depuis, il n’a jamais cessé de s’y appliquer, même en pleine Révolution
culturelle où il était enfermé dans un camp de travail.
Ecrivain-poète-calligraphe, il a publié en Chine, à Taiwan et à Hong Kong plus
de soixante livres en chinois. Depuis son installation en France en 1990, il a
publié une quinzaine d’ouvrages en français.
Ancien vice-président de l’Association des Calligraphes de Pékin, spécialiste en
Caoshu (style dit « Herbe folle»), Monsieur Shi Bo est reconnu comme un grand
maître de Xingshu et de Kaishu. Il a créé son style appelé « bambou gracieux »
dont les traits sont fins, fluides, élégants, tantôt secs, tantôt vigoureux,
comme des tiges de bambou dansant au gré du vent, jouant avec l’ombre et la
lumière, le visible et l’invisible, le plein et le vide, en un mot avec le Yin
et le Yang.
Professeur universitaire et journaliste à Pékin pendant plus de 20 ans, il a
organisé de nombreuses expositions à Pékin, Shanghai, Hong Kong et Kyoto.
Certaines de ses œuvres calligraphiques sont conservées par des collectionneurs
et des musées.
Mes réflexions sur l'art calligraphique (texte de Shi Bo)
Un jour, fin décembre 2001, un ami français m’a demandé combien d’années
d’exercices un Occidental doit-il faire pour devenir un calligraphe des
caractères chinois. Je lui ai souris en secouant la tête. Cet ami français ne me
comprenait pas et je lui ai expliqué ainsi : « Le chercheur taïwanais Lin
Jinzhong a bien dit : la calligraphie chinoise a le mérite de véhiculer des
notions, des idées et surtout des sentiments. Art plastique par excellence,
puisqu’ art de la forme et source d’infinie variétés dans le tracé des traits de
caractères, la calligraphie est plus que l’habit qui embellit ces derniers, elle
est l’âme visible d’un texte. Art emblématique du monde chinois, art humaniste,
elle se prête aussi bien à la contemplation qu’à la lecture et peut être
appréciée d’innombrables façons. » Mon ami français a enfin compris mon sourire
qui exprimait la réticence. Mais il insistait encore : « Je voudrais consacrer
une dizaine d’années à cet art dans le but de devenir un grand calligraphe.
Est-ce possible? »
A vrai dire, dix ans suffisent à une personne particulièrement douée pour
connaître et tracer les caractères chinois uniquement dans leur forme, mais pour
un étranger, il apprend le chinois pendant une dizaine d’années, c’est tout au
plus au niveau d’un collégien qui n’arrive pas encore à saisir l’âme sublime et
profonde de la calligraphie chinoise, car techniquement parlant, la calligraphie
consiste dans le jeu de rapports qu’établit l’énergie, le qi que l’on transmet
au pinceau, entre le noir de l’encre et le blanc du papier de riz, entre le
plein de la graphie et le vide qui l’entoure, entre le visible du caractère
couché sur le papier et l’invisible que l’auteur laisse deviner à travers le
papier. Pour arriver à ce niveau technique, dix ans ne sont déjà pas suffisants,
de nombreux exemples peuvent nous le prouver.
« Soyons honnêtes et objectifs, ai-je poursuivi, tous les grands calligraphes
chinois ont consacré toute leur vie à cet art, vingt ans, trente ans, et
beaucoup plus encore, leurs étaient nécessaires pour devenir enfin maîtres de
calligraphies reconnus. Les dix premières années sont à peine suffisantes pour
rester à l’étape de l’imitation et encore dix ans pour l’étape suivante de
création. Pourquoi si longtemps et si difficilement ? Tout simplement parce que
la calligraphie est un travail spirituel opéré dans l’âme même de ceux qui
veulent s’y consacrer. Il s’agit avant tout d’une épure spirituelle. »
En effet, l’art calligraphique est au fond une des expressions de l’accumulation
des connaissances littéraires, philosophiques, historiques de la Chine, il est
aussi intimement lié à l’attitude d’esprit traditionnelle face à la
calligraphie. Le grand poète Su Shi (1036-1101) n’avait-il pas dit : « Des
montagnes de copies d’exercice ne suffisent pas. Ce n’est qu’après avoir lu dix
mille ouvrages que l’on accède à l’esprit ! »
Les calligraphes chinois sont unanimes pour considérer que les caractères
calligraphiés sous le pinceau sont des êtres possédant une vie réelle. Toujours
selon Su Shi, un des lus grand maîtres de calligraphie chinoise, « Toute
calligraphie digne de ce nom doit avoir une âme, un souffle, un squelette, de la
chair et du sang. S’il manque un de ces cinq éléments, il n’est plus de
calligraphie. »
Expliquons plus concrètement ces cinq éléments fondamentaux :
► L’âme : chaque œuvre calligraphique doit avoir le mérite d’exprimer l’état
d’esprit et le dynamisme mental de l’auteur. C’est une étape extrêmement sublime
dans l’art calligraphique.
► Le souffle : l’auteur laisse couler ses sentiments, ses pensées, son énergie,
en un mot sa sensibilité, au bout du pinceau sur le papier, tantôt à travers les
traits pleins, tantôt par les traits secs et cassés, mais tout en garantissant
l’équilibre de l’œuvre dans son ensemble, équilibre mis en évidence par les
différentes proportions de traits.
► Le squelette : il s’agit de l’espace qu’occupe l’œuvre calligraphique grâce à
la succession des traits harmonieusement disposés.
► La chair : selon la sensibilité et l’humeur, le calligraphe utilise des
techniques différentes dans le contrôle de la quantité d’encre imbibé par le
pinceau, dans la pression du pinceau sur le papier et dans la vitesse du
mouvement du pinceau pour coucher l’encre et donner la chair à leur œuvre.
► Le sang : c’est l’encre qui contient essentiellement de l’eau. Selon la
quantité d’eau dans l’encre, les traits peuvent être denses ou délavés. Cette
nuance exprime non seulement l’âme du calligraphe, mais aussi le degré de sa
maturité artistique.
Ce qui est important dans l’art calligraphique, c’est l’équilibre, non seulement
dans la structure, mais surtout dans l’esprit de l’œuvre. La structure est
visible, et grâce à la réalisation de l’équilibre dans la structure, qui est un
long effort d’exercice tenace et patient, on n’est jamais qu’un artisan de
l’écriture, alors que celle de l’équilibre dans l’esprit, beaucoup plus
sophistiqué, donc beaucoup plus difficile, permet de devenir un véritable
artiste à condition d’étudier de façon approfondie l’histoire de l’art, de
s’imprégner de la philosophie chinoise, de maîtriser l’esthétique ancestrale
chinoise et enfin de créer ses propres conceptions artistiques.
A propos de l’équilibre calligraphique, le grand calligraphe Yu Shinan nous
indique : « Si l’esprit n’est pas équilibré, la calligraphie ne l’est pas non
plus ; si l’on manque de concentration, alors les caractères sont boiteux.»
Qu’entend-on par là ? Cela veut dire que chaque œuvre calligraphique doit être
visualisée, disposée, maintes fois corrigée dans l’esprit de l’artiste avant de
la coucher sur le papier. C’est donc la visualisation interne et non les yeux de
l’artiste qui dirige la main qui, à son tour, manipule à bon escient le pinceau.
En un mot, l’équilibre de la composition calligraphique n’est donc pas fonction
d’une définition géographique et figée, mais d’une disposition d’esprit. D’où la
grande possibilité de création et d’expression personnelle.
L’expression personnelle repose sur les sentiments de l’artiste, sentiments
fermentés au fond de l’âme d’une part et, d’autre part, sentiments suscités par
l’environnement extérieur. C’est la parfaite conjugaison de ces deux types de
sentiments qui favorise la création. C’est pourquoi Zhang Zao, grand artiste de
l’époque des Songs dit à juste titre : « Prendre la nature pour maître et puiser
la source au fond de l’âme. »
L’expression des sentiments personnels permet de créer le style artistique
individuel. Dans le long cours de l’histoire calligraphique chinoise, un certain
nombre de calligraphes, souvent sous l’impulsion du vin, s’écartèrent de plus en
plus des règles et donnèrent libre cours à leur esprit et à leur âme. Résultat :
la calligraphie perdit sa fonction utilitaire et devint une expression pure et
simple de la sensibilité. La digue des contraintes ainsi rompue, le champ de
créativité s’en trouva infiniment élargi. D’où la floraison sans précédent des
styles cursifs et la naissance de nombreux importants maîtres artistiques. Mais
il faut remarquer que la recherche d’impact émotionnel est l’étape la plus
sophistiquée dans l’art artistique de la calligraphie chinoise. Toute la vie
nécessaire pour forger et perfectionner un style d’expression des sentiments.
J’ai exercé la calligraphie pendant plus de 50 ans, mais je ne suis pas sûr
d’avoir déjà parfait mon style pour exprimer mes sentiments. Pourtant, cette
longue pratique me permet de toujours mieux comprendre le grand peintre Shi Tao
qui dit dans son remarquable ouvrage intitulé « Propos sur la peinture » : « Au
milieu de l’océan de l’encre, il faut établir fermement l’esprit ; à la pointe
du pinceau, que s’affirme et surgisse la vie ; sur la surface de la peinture
s’opère une complète métamorphose ; au milieu du chaos s’installe et jaillit la
lumière ! A ce point, quand bien même le pinceau, l’encre, la peinture, tout
s’abolirait, le Moi subsisterait encore, existant par lui-même. » Ces propos me
guideront toujours dans mon effort visant à ma perfection.
NOUVEAU LIVRE!
Novembre 2016
Passion à l’encre 翰墨情深
C’est notre « Passion à l’encre » ! C’est un grand livre en couleurs qui verra
le jour le 5 novembre 2016.
Notre livre a été patiemment attendu, il s’offre enfin devant nos yeux : il est
à la fois splendide, noble et discret.
Pendant des années nous l’avons imaginé, mijoté, réfléchi longuement et
minutieusement. Et puis notre pinceau a commencé à danser joyeusement sur le
papier de riz avec l’encre. C’était une aventure, mais une belle aventure
résolument réussie.
Nous l’avons voulu grandiose en contenu, noble en forme et discret en couleurs.
Notre « Passion à l’encre » l’est !
Notre « Passion à l’encre » est riche en contenu, couvrant tous les thèmes
traditionnels de la calligraphie chinoise caractérisés par le principe
philosophique chinois : l’harmonie entre le yin et le yang, entre le vent et les
nuages, entre les montagnes et les eaux.
Notre « Passion à l’encre » est un condensé pour les calligraphes aussi bien
débutants qu’initiés : c’est un modèle offrant de nombreuses calligraphies
illustrant une grande quantité de sentences, de maximes et de proverbes les plus
célèbres et les plus utilisés en Chine.
Notre « Passion à l’encre » est poétique : une quarantaine d’anciens poèmes et
de nombreux anciens vers gracieusement calligraphiés offrent un paysage de
sérénité, de silence, de profonde réflexion, et d’intenses délices spirituels…
Nous avons confié nos oeuvres calligraphiques telles des briques au remarquable
artiste Daniel Boukez. Grâce à son talent et à sa générosité, cet architecte les
organise, les charpente, les embellit et les construit durant des mois.
Résultat : notre livre « Passion à l’encre » prend forme petit à petit et se
présente maintenant devant nous en tant qu’une œuvre hautement esthétique.
Nous en sommes contents et fiers. Nous espérons que nos lecteurs partagent notre
joie et notre bonheur.
Le livre de 240 pages en couleurs et plastifiées, 23 sur 28 cm, est de 50 €+
frais de port (10 euros environ)
Elisabeth Bourgeas ( 布春花 )
Shi Bo ( 時波 )
Pour commander ou contacter Maître Shi bo:
mrshibo@hotmail.com
http://shibo-artiste.com
La Maison du Bien-Être
Centre Oasis, 9 rue du Vélodrome 1205 Genève, Suisse
Tél: + 41 (0)22 320 8886 antoine[at]maisondubienetre.com
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